L’année 2025 restera dans les annales comme celle du grand retour en arrière écologique. Six mois après le début de l’année, le gouvernement français a multiplié les abandons et reculs sur des engagements environnementaux majeurs, orchestrant ce qui s’apparente à un démantèlement méthodique des politiques de transition écologique.
Le grand détricotage : quand l’État organise sa propre régression
Sous la pression conjuguée des lobbys industriels et d’un discours anti-écologique de plus en plus décomplexé, l’exécutif français a engagé depuis janvier 2025 une véritable offensive contre les acquis environnementaux. Des aides à la rénovation énergétique en passant par la réautorisation de pesticides interdits, la liste des reculs s’allonge semaine après semaine.
Cette régression assumée tranche avec les grands discours sur l’urgence climatique. Emmanuel Macron lui-même a récemment dénoncé « une erreur historique » après le détricotage de mesures écologiques par le gouvernement ou le Parlement, mais sans pour autant s’opposer fermement à cette dynamique destructrice.
A69 : l’autoroute de tous les dénis
Le projet d’autoroute A69 entre Castres et Toulouse illustre parfaitement l’entêtement gouvernemental face aux alertes écologiques. Malgré une mobilisation sans précédent et l’annulation par la justice de l’autorisation environnementale du projet d’autoroute entre Castres et Toulouse en février 2025, l’État persiste.
Le Sénat a examiné le 15 mai 2025, dans le cadre de la niche parlementaire du groupe Union centriste, une proposition de loi visant à relancer le chantier de l’autoroute A69, défiant ainsi les décisions de justice. Cette obstination s’accompagne d’une répression croissante des militants écologistes, que le rapporteur de l’ONU Michel Forst dénonce sur Reporterre comme « une menace majeure pour la démocratie et les droits humains ».
La violence institutionnelle déployée contre les opposants au projet témoigne de l’autoritarisme croissant face aux résistances écologiques. Le 1er septembre 2023, à Vendine, les arbres situés sur le tracé de la future autoroute A69 ont été abattus quelques minutes après minuit, malgré une forte opposition sur le terrain, les militants se retrouvant impuissants face au déploiement massif des forces de l’ordre.
MaPrimeRénov et rénovation énergétique : l’abandon assumé
L’offensive contre l’écologie touche également le secteur du bâtiment. Le Réseau Action Climat dénonce dans un rapport intitulé « Stop aux reculs sur l’environnement » des mesures jugées anti-transition écologique, avec des suspensions d’aides et projets futurs visés dans le rapport publié mardi.
Les restrictions budgétaires sur MaPrimeRénov, programme phare de la rénovation énergétique, traduisent l’abandon des objectifs de neutralité carbone du parc immobilier français. Cette régression intervient alors que le secteur du bâtiment représente près de 20% des émissions nationales de gaz à effet de serre.
Pesticides : le retour des molécules interdites
Autre recul majeur documenté par les ONG environnementales : le projet de réintroduction de pesticides néonicotinoïdes, ces « tueurs d’abeilles » interdits au niveau européen pour leur impact sur la biodiversité. Cette réautorisation, réclamée par les lobbys agricoles, signe l’abandon des engagements pris dans le cadre du plan Écophyto.
Les associations comme Générations futures et Greenpeace alertent sur les conséquences sanitaires et environnementales de ce retour en arrière, qui intervient alors que la France s’était engagée à réduire de 50% l’usage des pesticides.
L’écologie sacrifiée sur l’autel de la « simplification économique »
Sous la pression économique et politique, les ambitions du Pacte vert ont été réduites, plusieurs lois environnementales retardées ou abandonnées. Cette régression s’opère sous le prisme trompeur de la « simplification de la vie économique », label qui masque mal la capitulation face aux intérêts privés.
François Gemenne, professeur à HEC et spécialiste des questions climatiques, analyse ce retournement : « Le débat public amplifie les voix des 15% qui veulent en finir avec la transition. Les entreprises réagissent aux mouvements de société ».
Un système politique aux ordres des lobbys
Cette offensive coordonnée révèle la capture progressive de l’appareil d’État par les intérêts industriels et financiers. Loin d’être le fruit d’improvisations, ces reculs s’inscrivent dans une stratégie assumée de démantèlement des contraintes environnementales pesant sur les secteurs les plus polluants.
L’automobile, le BTP, l’agro-industrie : tous les secteurs émetteurs retrouvent leur capacité d’influence après quelques années d’encadrement timide. La « transition écologique » promise se révèle n’avoir été qu’une parenthèse, rapidement refermée dès les premières résistances économiques.
Face à cette régression, les alertes se multiplient. De nombreuses ONG documentent méthodiquement les conséquences de ces abandons. Les associations environnementales opposées au projet de l’autoroute A69 attaquent en justice le concessionnaire Atosca pour 18 infractions à l’environnement, illustrant la résistance juridique face à l’impunité environnementale croissante.
L’État français, fossoyeur de ses propres engagements
Six mois après le début de l’année 2025, le constat est sans appel : l’État français organise méthodiquement le démantèlement de sa politique environnementale. Le recul environnemental de l’Union européenne et de la France a surpris par sa rapidité autant que par son ampleur.
Cette régression programmée s’opère dans l’indifférence médiatique générale, les grands médias relayant complaisamment les argumentaires des lobbys sur la nécessaire « simplification » économique. L’urgence climatique, pourtant scientifiquement établie, cède le pas aux impératifs de court terme du patronat.
L’histoire retiendra que l’année 2025 aura marqué le moment où la France a choisi de tourner le dos à ses responsabilités environnementales, sacrifiant l’avenir sur l’autel des profits immédiats. Un écocide d’État en bonne et due forme, orchestré avec la complicité de ceux qui feignent encore de s’inquiéter du réchauffement climatique.